Premier rendez-vous du président Sarkozy à la télévision
Autant le dire tout de suite, l'intervention de Nicolas Sarkozy n'était pas désagréable : plein d'allant, de la volonté à revendre, de l'humour....Un rendez-vous qui n'était pas imposé mais qui semblait s'imposer pour recadrer l'action gouvernementale. Car il nous a prévenu, il est responsable de tout. Jean-Louis Borloo n'est en rien dans le reflux du second tour.
La TVA sociale a été évoquée, tirée du chapeau de force par un Laurent Fabius qui a trouvé là l'arme idéale d'une gauche en mal de slogans politiques : la TVA sociale doit faire augmenter l'imposition indirecte, réduire la consommation, pénaliser les plus pauvres....
Voilà ce que veut ce gouvernement. C'est évident. Mais Nicolas Sarkozy, très fair-play, a même dit : "c'est de bonne guerre". En effet, ce n'est pas à lui qu'on va apprendre à tirer les ficelles des élections alors qu'il vient de décrocher le gros lot. Les français se sont méfiés de cette TVA, disent des sondages, résultats que reprennent avidement les journalistes en s'en déchargeant aussitôt. Ces sacrés sondages ! S'ils n'existaient de quoi parleraient les journalistes ? Donc le président Sarkozy a eu une remarque imagée assez bonne, en proposant de mettre les sondeurs et leurs panels à son bureau ainsi qu'une calculatrice. C'est un peu oublié que l'action d'un homme d'Etat n'est pas toujours commandée par les opinions. Et c'est tant mieux. Le peuple est tellement c** parfois.
Le président a donc défendu sa stratégie de défiscalisation des heures supplémentaires, sensée redonner du pouvoir d'achat.... Car si le président ne souhaite pas être assis sur "la partie confortable de son anatomie" comme Ségolène Royal (pour regarder passer le TGV Est?), le médecin et nouveau gourou de la confiance à asséner aux français prescrit "du travail : matin, midi et soir". Et si certains se sentent l'âme de grévistes, le remède est : "pas payé quand on fait grève", plus si le mal persiste : vote à bulletin secret pour la reconduite ou non de la grève. Même Napoléon III, l'empereur libéral et octroyeur du droit de grève, n'avait pas prévu telle ruse. Bouleversement aussi à l'Université, que le président Sarkozy a décidé de moderniser pour faire de vrais campus réputés et culturels, à l'image des fleurons anglo-saxons. En effet, les établissements français ne font pas rêver....L'université est donc le nouveau "chantier présidentiel". L'engagement est pris : "c'est mon devoir de moderniser l'Université française".
La gauche, toujours aussi constructive dans l'argumentation, a vivement critiqué, par ailleurs, la réception de Jean-Marie Le Pen à l'Elysée. La même gauche, qui comme le souligne Nicolas Sarkozy, n'a pas crié au scandale quand la proportionnelle a été réintroduite un temps sous François Mitterrand et que le bilan en fût d'avoir des députés frontistes. Un poids, une mesure...vieux principe de gauche. Puisqu'il faut charger la barque, on dira aussi que les socialistes furent incapables de pousser une génération politique "issue de la diversité"(des arabes et des noirs pour causer direct !) dans ses rangs, ou si tardivement.... Conclusion : la gauche a le droit de la boucler sur ces sujets. Il n'y a bien que sur la franchise que le président n'a pas su trouver d'arguments percutants, si ce n'est faire pleurer le coeur des familles françaises avec la maladie d'Alzheimer....
Quant à la politique étrangère, elle bouge. Ce que Jacques Chirac a peiné à faire en douze ans, Nicolas Sarkozy tente de le rattraper en un peu plus d'un mois : l'idée du traité simplifié s'impose partout dans l'Union Européenne, les Américains considérent enfin qu'il y a un souci climatique et pensent à réduire leur gaz à effet de serre de 50% d'ici 2050....Pas si mal pour un début. En ce qui concerne son état d'ébriété, le journaliste belge est renvoyé dans les cordes : il n'était pas ivre et monsieur Poutine non plus. Par contre le journaliste n'aurait pas sucé que de la glace, selon lui....
Notre président "mesure le poids de ses responsabilités" et "essaye de faire le mieux possible". Comment ne pas le croire....