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Politicobs - Le blog de Monsieur Julien - Rouen
19 février 2010

Frédéric Chopin et Rouen

chopin_frederic_bis« Fort et en bonne santé, il enchante toutes les femmes françaises et éveille la jalousie des Français. Il est à la mode […] De temps à autre seulement, la nostalgie du pays s’empare de lui »
Antoni Orlowski

Et avant la France, le pays de Frédéric Chopin, c'est la Pologne. Comme Joséphine Baker, il aura eu deux vrais amours : son pays et Paris.

Dans les années 1830 , un vent de libertés va souffler sur toute l'Europe. En France bien sûr, mais aussi en Pologne. Le soulèvement de Varsovie contre la Russie et le pouvoir écrasant de Nicolas Ier poussent Chopin à quitter son pays natal.

En France, on s'agite beaucoup aussi depuis Juillet 1830 et forcément on se sent des points communs avec les révoltés polonais. Les Polonais seront considérés comme des "Français du Nord". Si le gouvernement français pourtant issu d'une révolution refuse d'apporter son soutien aux insurgés polonais, l'élan populaire le fera à sa place. Rouen ne restera pas en reste et accueillera, le 12 mars 1838, Frédéric Chopin, bienfaiteur de la cause polonaise. Le compositeur et concertiste sentimental, pas encore épris de sa George Sand - mais ça ne saurait tarder - vient à Rouen par amitié et pour la Pologne. Chopin ne donne en effet plus que de rares concerts et ils sont davantage destinés à un petit club fermé d'admirateurs.

Frédéric Chopin rompt son silence artistique épisodiquement. Le concert du 12 mars est au bénéfice d'Antoni Orlowski, directeur de la Société Philharmonique et de l'orchestre du Théâtre des Arts de Rouen. Tout comme Frédéric Chopin, Antoni Orlowski a été l'élève de Joseph Elsner au Conservatoire de Varsovie. Que de souvenirs venant du froid à partager !

Devant un parterre choisi d'élus et du Tout-Paris, Frédéric Chopin, donne son concerto en mi mineur avec orchestre, celui-là même qui lui servit pour faire ses adieux au public polonais, le 11 octobre 1830. 

L'orchestre est conduit bien évidemment par son ami Orlowski. Orlowski, ami aussi de Gustave Flaubert et de sa soeurchopin_piano Caroline qui prend des leçons de piano auprès de lui. Gustave Flaubert, prenant lui plutôt des coups avec l'ami polonais....

Le lendemain, la presse rouennaisse est aux anges et les journaux parisiens, déjà spécialisés, le sont aussi pour cette première apparition du pianiste en province devant cinq cents spectateurs. 

Le Journal de Rouen écrit dans ses colonnes : « M. Chopin est incontestablement l'un des trois ou quatre plus grands pianistes que possède la France, il en est qui peuvent l'emporter sur lui dans quelqu'une des possibilités de ce merveilleux clavier, mais dans le genre qu'il cultive et où il excelle, nul ne le surpasse assurément. Il n'y a rien au-delà de la finesse d'expression du doigté de ce célèbre artiste ». 

Le critique et auteur dramatique Ernest Legouvé poursuit l'éloge dans La Revue et gazette musicale de Paris, au prix d'une fâcherie avec Franz Listz... : « C'était à tout moment dans la salle, de ces frémissements électriques, de ces murmures d'extase et d'étonnement, qui sont les bravos de l'âme. Allons Chopin ! allons ! que ce triomphe vous décide ; consentez à passer pour ce que vous êtes ; terminez le grand débat qui divise les artistes ; et quand on demandera quel est le premier pianiste de l'Europe, Liszt ou Thalberg, que tout le monde puisse répondre, comme ceux qui vous ont entendu... : "C'est Chopin" ».   

Malgré toutes ces reconnaissances, le timide pianiste ne changera rien à ce qu'il avait décidé quant au nombre de ses concerts. Sans doute trop torturé par l'amour et notamment celui que lui donnait le public.

chopin_bnf

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Commentaires
F
"Pas besoin de mots pour comprendre Chopin, il suffit d'écouter et d'ouvrir son âme" (Kissin)<br /> <br /> Superbe émission sur Arte ce soir...
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