De la société politique actuelle

Depuis un moment, les chaos politiques s’ajoutent les uns aux autres. La période que nous vivons est riche en changements, en signes politiques qui semblent dépasser ses acteurs eux-mêmes. Tout le monde est d’accord pour dire que la France traverse un malaise profond. Crise, crise, crise….Le mot est à la mode et s’applique à tout : l’état de la société française, les bases de nos institutions, , notre économie, l’Europe, les banlieues, la condition individuelle et psychologique de chacun ….Il n’y a pas un thème qui n’échappe à la gangrène " crise-tique ". Impossible de s’en débarrasser. La crise colle à la peau, avec pour résultat l’immobilisme et une peur totale de toute chose.

Quand on a dit ça, on a tout dit, tout résumé. Le diagnostic donné, les remèdes se font attendre. La politique, qui avant réglait tout, est pour beaucoup aux abonnés absents. L’homme politique n’est plus sanctifié : il est jugé incompétent. Ses études sont suspectes : les grandes écoles et autre Université, qui assuraient prestige et promotion respectable, sont devenues les fabriques des maladies morales de nos époques. L’ENA, gage d’une certaine idée de la méritocratie, est un tampon franco de port pour le dénigrement facile. Les élites ne seraient plus à la hauteur : soient trop déconnectées, soient trop médiatiques.

Rien n’y fait. L’Homme providentiel, plus personne n’y croit. Les exemples d’un passé proche ont montré les faiblesses de ces hommes, que l’opportunité place sur le devant de la scène politique. Le triomphe des Napoléon, De Gaulle, et autres Pétain n’est plus de notre temps. La République se méfie de ceux qui veulent sauver la France, pour mieux la transformer à leur vision. Plus de grands événements, plus de grands hommes. Nous avons les hommes politiques que nous méritons. En fait, le problème est que la politique nous échappe : le peuple n’exerce plus les devoirs qu’imposent la démocratie. L’abstention est de plus en plus importante. La thématique de l’extrême-droite redevient acceptable ; elle semble même enrichir le débat. Les courants modérés ne l’emportent plus.

Paradoxalement, les hommes politiques n’ont jamais autant parlé de proximité, de dialogue, ne sont jamais autant apparus dans les médias grand public….Le résultat : le message ne passe pas. La nouvelle langue de bois est bien de dire, par monts et par vaux, qu’on ne fait pas de langue de bois. Le politique doit être débonnaire, sympathique et surtout vide de tout projet : la communication comblera le manque. Même l’absence de communication est vue comme une stratégie politique. Notre époque, sans idéologie manifeste, doit composer, mélanger, comprendre toutes les idéologies. Le contradictoire, dogme dominant inavoué, dénote l’absurdité de notre monde contemporain. Albert Camus, l’un des philosophes de l’absurde, avait peut être trouvé le chemin de l’espoir en disant " Je transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort et je refuse le suicide ". L'avenir politique de notre pays doit peut être s'en inspirer.

Monsieur Julien