Eau pas si courante
Il n'y a pas de temps à perdre
Sinon tout l'quartier va brûler
Oui mais voilà
Pendant c'temps là à la caserne
On entends les pompiers crier :
Qu'est-c'qu'on a fait des tuyaux ?
Des lances et d'la grande échelle
Qu'est-c'qu'on a fait des tuyaux?
Pas d'panique il nous les faut
Il ne s'agit pas d'un incendie à Rio mais d'un banal incendie à Rouen. Désolé mais c'est Sacha Distel qui m'est venu comme ça en pensant à ce qui m'était arrivé dans la nuit du jeudi au vendredi. Il faut bien en rire.
J'habite donc pas très loin de la nouvelle préfecture de Rouen. Vers trois heures du matin, l'aération s'arrête dans l'immeuble et puis, progressivement, ça sent le plastique. Que me dis-je ? Encore un incendie de poubelles ! Il y a en effet des branlotins qui s'amusent à mettre le feu dans le local à poubelles. Malheureusement, ça arrive trop souvent (déjà trois incendies -au moins - depuis un an et demi) et c'est un peu devenu une habitude sans qu'aucune solution ne vienne.
L'air y est irrespirable pendant plusieurs jours. Les grilles de ventilation sont généralement hors-service ensuite. Bref, ça ennuie une centaine de gens. Bravo les branlotins ! Vous nous avez bien emmerdé!
Seulement cette nuit-là, il y a un peu de changement. Les pompiers cherchent d'où vient la fumée. Panique dans l'immeuble. Les pompiers frappent aux portes. On ne trouve pas. Et pourtant, ça crame toujours...
Une demi-heure plus tard, une éternité donc, avec quelques conversations de couloir, j'entends que c'est l'ascenseur qui a brûlé. Les poubelles sont sauves, mises dehors. Par contre, les canalisations ont fondu...
J'avais dans un certain imaginaire égoutier pensé que les tuyaux étaient en métal, solide à tout. J'en conclue : soit l'incendie a été terrible, soit les tuyaux, c'est un peu n'importe quoi.
Vendredi matin, plus d'eau. Deux appels à l'agglo pour l'eau et à la société en charge de l'immeuble : ils sont au courant - pas comme l'eau - mais ils n'en savent pas davantage. L'hôtel d'agglo, en charge de l'alimentation en eau, est pourtant à deux pas...
Après quelques achats de bouteilles d'eau -juste pour vivre dignement -, je vois une affiche collée sur la porte d'entrée. Le message principal "Pas d'eau ce week-end". Rien n'est dit que lundi sera effectué les travaux. Sympathique nouvelle.
Enfin, la ville de Rouen a mis un point d'eau en service pour que l'on puisse s'approvisionner. La tête tordue vers l'église de la Madeleine, je remplis mes bouteilles au saint robinet municipal.
L'eau n'a jamais été aussi précieuse chez moi que ces derniers jours. Éplucher une carotte est devenu une aventure. Les toilettes sont celles des petits chats. Le water-closet porte bien son nom. La vaisselle n'a pas été la plus étincelante qui soit. Une fierté tout de même : lavage des cheveux avec un litre, shampoing compris. Étonné, hein ?
Je vous passe aussi ces pensées vers des continents où l'eau est si absente, pourrit les estomacs et que les mêmes vont chercher. Et pourtant, c'est une sorte de pédagogie très active qui m'arrive là. L'hygiène, c'est pour tout le monde. Pas du luxe que d'avoir de l'eau courante mais bien un droit inaliénable.
Bref, j'espère que ce week-end de scoutisme intérieur ne va pas s'éterniser. A un moment donné, mon sens de l'humour atteint des limites explosives. Méfie-toi de l'eau qui dort, qui disait...